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Lignes d'espoir//Claire-Jeanne Jézéquel, commissaire de l'exposition//  2/03/2024

Palissades, grilles, barrières, lignes verticales qui barrent l’horizon….C’est à partir des archives de son grand-père, emprisonné pour ses opinions politiques et faits de résistance pendant la 2nde guerre mondiale, que les travaux récents de Virginie Prokopowicz se développent. Si jusque là son œuvre semblait partagée entre deux pôles opposés en apparence, la nouvelle série de travaux, essentiellement picturaux mais pas seulement, nous en propose une synthèse qui, loin de réduire les potentiels de chacun de ses « deux  mondes », nous ouvre à une perception renouvelée de ce que peuvent exprimer des images peintes qui ne figurent pas mais se tiennent à l’endroit précis de la puissance d’évocation, de suggestion, de multiplicité de significations de la peinture et des formes.

 

Dans son célèbre texte Grilles, Rosalind Krauss, historienne et critique d’art dont les travaux occupent une place majeure dans la compréhension et la lecture des œuvres de la modernité occidentale, exprime cette dualité  au sujet de la grille, qui est donc cette «structure (…) restée emblématique de l’ambition moderniste des arts visuels » : « la grille annonce, entre autres choses, la volonté de silence de l’art moderne, son hostilité envers la littérature, le récit et le discours. (…) La barrière qu’elle a abaissée entre les arts visuels et ceux du langage a presque totalement réussi à emmurer les premiers dans le domaine de la seule visualité et à les défendre contre l’intrusion de la parole. Les arts ont (…) chèrement payé ce succès car la forteresse qu’ils ont construite sur les fondations de la grille a de plus en plus pris l’allure d’un ghetto. »

 

Il y avait donc jusque là les œuvres dites figuratives de V.Prokopowicz, qui racontent, décrivent, représentent paysages, tranchées, cimetières ou autres figures de guerre, donc des œuvres de langage visuel, et ses œuvres en apparence purement géométriques et dites abstraites, c’est à dire, dans l’acception commune du terme, qui ne disent rien d’autre que leur matérialité et leurs agencements formels.

 

C’est en s’autorisant à travailler à partir des lettres de son grand-père, donc à partir de récits, et en particulier à partir de l’évocation de l’enfermement, que V.Prokopowicz réconcilie ce qui paraissait séparé. Le motif des palissades, clôtures grossières mais infranchissables des camps et autres ghettos inventés par la meurtrière machine nazie, est son point de départ. Sur la couche sensible et tactile de ciment frais recouvrant le support, il donne lieu à des variations de lignes tracées en surface ou grattées dans l’épaisseur, et de rubans de cuivre collés qui captent et renvoient la lumière en une promesse d’échappée. Ces traits reprennent les rythmes irréguliers des assemblages de planches, et nous ouvrent à un imaginaire ou géométrie de la grille abstraite, générique, et réalité matérielle des grilles réelles qui enferment les corps, se superposent dans un va-et-vient incessant de la perception. Espace mental et abstrait de la partition géométrique des surfaces et dimension existentielle, historique et narrative sous-jacente se rejoignent. Ces grilles, par leur irrégularité et leurs rythmes, sont d’abord des clôtures, des surfaces palissées, qui évoluent peu à peu vers des espaces ouverts : des « fenêtres » à peine plus satinées ouvrent une perspective en apportant de la lumière, et lignes verticales et diagonales deviennent arbres, forêts désolées mais traversables vers leurs lisières, leur issue, malgré « la lenteur de la marche » décrite par l’aïeul au moment de la libération. Tout ici dément l’historique antagonisme entre le visible et le lisible, d’autant plus que le langage visuel se complexifie par la présence des mots mêmes, gravés dans la matière d’abord tendre du béton, de fragments de récits issus des lettres écrites par le grand-père prisonnier. Se nouent alors les dimensions de concept (la grille abstraite), de percept (la dimension sensible et matérielle des œuvres), et les affects incarnés par les mots du récit.

 

D’autres éléments, plus sculpturaux, complètent la conversation que V.Prokopowicz entretient entre ses préoccupations narratives et biographiques – historiques – et son vocabulaire formel apparenté à celui des différentes périodes historiques de l’art abstrait. Elle use de tout ce qui contribue à faire du tableau un objet concret et matériel, un objet du monde réel, comme en témoignent ses choix de matériaux et leur nature souvent non-artistique : béton, plexiglass, matériaux industriels... Ses pains de terre coupés au couteau à  l’échelle 1 de la matière puis moulés pour former des digues, des bordures, dont nous perdons l’échelle, nous ramènent à l’univers de la contention, de la palissade. Ses simples structures rectangulaires en bois affirment, par leurs dimensions, tout autant ce qui cadre, contient et barre, que ce qui ouvre : fenêtres, meurtrières, passages.

Dans une époque où nous sommes confrontés à tant d’autres situations et images de corps soumis à l’enfermement, aux guerres qui font rage pas si loin de nous et hélas partout dans le monde, la force des œuvres d’art est de nous donner accès à une multiplicité et à une profondeur de compréhensions et de lectures. Elle nous permet d’éprouver à quel point une œuvre, si tragique qu’en soit l’origine ou le « sujet », est toujours une affirmation de vitalité et d’humanité.

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Claire-Jeanne Jézéquel, commissaire de l'exposition

Lignes d'espoir//Andrée Grammatico//  2/03/2024

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Des lignes sur fond noir ou ocre-rouge, des lignes fines, épaisses, cassées, coupantes s'offrent à nous comme un décor et jalonnent la nouvelle exposition de Virginie Prokopowicz.

Lignes d’espoir est un hommage à Jacques Caillé, grand-père de l'artiste, résistant pendant la guerre, il a arrêté suite à une dénonciation, condamné à mort et déporté. Jacques Caillé en sort vivant et libre.

« Ma pauvre chérie, l'on vient de sortir d'un cauchemar, qui pour nous n'était pas la guerre, mais les camps de concentration... »

 

Plongée dans la tragédie des camps dès son plus jeune âge, Virginie Prokopowicz développe depuis 2018, une réflexion mémorielle sur la guerre, le drame de la déportation et ses retombées psychologiques.

Aujourd'hui c'est de l'intérieur du camp qu'elle raconte plastiquement, l'enfermement des prisonniers : évocation des palissades, des barrières, des grillages, des piliers métalliques qui organisent les divers bâtiments d'un camp -NAZI -, évocation de leurs matériaux de construction, béton (peinture-béton), métal (lignes de cuivre), et par l'alternance de ses traits, de l'espoir (franchir la barrière pour atteindre la forêt, fuir et être libre)

Tel un être déporté qui creuse avec ce qu'il peut trouver pour dessiner, dire ou témoigner, elle inscrit dans la matière de ses tableaux, matricule et écrits de Jacques Caillé.

 

À travers son travail, abstrait, minimal, épuré, suggestif, l'œuvre de Virginie Prokopowicz s'inscrit dans la mémoire collective de NE PAS OUBLIER.

 

« Pour être contre la mort, on n'a pas besoin d'avoir une vie à soi, il suffit d'en avoir une qui ne soit pas tout à fait terminée » Herta Muller, La bascule du souffle.

 

Une exposition est née :

Le hasard du regard de Virginie

Devant des tombées de céramiques.

Frapper frénétiquement

Sur des restes de terre.

Une vision apparaît

La palissade

La guerre

Les camps.

                                                                                                                                         Andrée Grammatico

Entre deux eaux//Chloé Macary//  4/06/2022

RAPHAËL MAMAN & VIRGINIE PROKOPOWICZ
accompagnés d’une création sonore de Jean-Yves Sellin


Au numéro 10 de la rue Sisley, s’entrecroisent deux temps : celui de la « balade » et celui de l’évènement. C’est dans cet ancien refuge monacal que s’unissent en un duo artistique surprenant Virginie Prokopowicz et Raphaël Maman qui, à l’occasion d’Entre deux eaux, nous livrent une version minimaliste onirique éloquente de ce à quoi pourrait bien ressembler une scène impressionniste transposée à notre époque. S’emparant de ses codes : fluidité atmosphérique ; miroitement aqueux ; vibration lumineuse, il nous font pénétrer dans cet « entremonde » que nous percevons dès notre arrivée, distinguant au lointain les bruits tantôt retentissants, tantôt étouffés, d’une nature qui se dérobe sous nos pas…
Sur un chemin de terre fraîchement creusé dans la masse gravillonnée épandue, nous progressons. Sinueux, il nous conduit aux abords des piliers médiévaux où trônent les câbles en acier sur lesquels Raphaël Maman a hissé ses voilages translucides aux motifs arborés – paradoxalement cimentés – de façon à laisser leur système de levage apparent. Composé de cordages passants par de simples poulies, ce dispositif inscrit ces créations dans le prolongement de Planter le décor, installation réalisée aux Beaux-Arts de Paris en 2019, dans le cadre du DNAP de l’artiste, par le biais de laquelle il questionne l’incidence des normes sur la réalité. En résonance avec l’univers du théâtre, art de l’illusion à la puissance cathartique, sa réflexion l’oriente, entre autres, vers l’ouvrage Pratique pour fabriquer scènes et machines de théâtre de Nicola Sabbattini, architecte et scénographe italien du XVIIe siècle. Guidé dans l’élaboration de son projet par cette lecture, il conçoit alors ses œuvres à la manière de décors amovibles autour desquels les spectateurs peuvent circuler sans restriction, voyant leur rôle se redéfinir en tant qu’acteurs complices du « metteur en scène ».

Partiellement figées, au bon vouloir du vent, ces « bâches » tirées, tendues en guise d’étendards, incarnent visuellement autant de paysages anthropisés que de plages de répit, synchrones à la composition sonore de Jean-Yves Sellin, constituée de « départs » et de périodes d’accalmie.
Découvert en aval d’un étrange amoncellement de pierres, nous retenons aussi le cours fictif d’une rivière sur rails, imaginé par Virginie Prokopowicz, dont les reflets argentés, amplifiés par la réverbération solaire, se répercutent sur la rétine. Etablie à partir d’une carte topographique, cette sculpture monumentale aux inclinaisons brutalistes calque son parallélisme sur celui du Loing, qui s’étire en contrebas de la berge où se situe Pont Loup. Allégorie de nos enfermements physiques / psychiques / idéologiques / politiques, elle se différencie du travail coutumier de la plasticienne par son double sens de lecture qui l’envisage, au choix, comme une énigme  matérielle à résoudre ou comme une dynamique d’espoir, rythmée par les remous de la vie.
Au sein de ce microcosme à l’esthétique urbaine pré-post apocalypse, se décline ainsi, du gris au blanc, l’Impressionnisme qui, dépourvu de toute son innocence bucolique, fait à présent se recouper désolation de la nature et fragilité de l’être, ce que restitue d’ailleurs la captation du fond d’ambiance qui associe au son de l’eau qui coule, fuse, puis dévale, celui des tintements du verre et de ses brisures, à l’instar d’un glas. A tout hasard, nous nous tournons une dernière fois vers la verrière et les vitraux romans, ne sachant pas si ces derniers résisteront encore longtemps aux prémices de cette nouvelle ère, dont nous sommes les premiers représentants.

Chloé Macary pour Le MUR espace de création

Fragments d'horizon, Virginie Prokopowicz//Chloé Macary/ 14/11/2021

D’inspiration brutaliste – style architectural émergeant au sortir de la Seconde Guerre mondiale –, les compositions abstraites minimales de Virginie Prokopowicz se distinguent par la récurrence des lignes de force qu’elle érige en noir sur panneaux bétonnés. Interrogeant le spectateur sur la question d’enfermement physique / psychique, elle inscrit sa nouvelle série Greenland dans la continuité de son projet Follow the line qui réunit des sculptures et une installation monumentale, élaborées à partir de matériaux issus du BTP, dont la grille de lecture s’articule tel le point de fuite d’une pensée qui voudrait se libérer d’elle-même, cédant à son conditionnement.

Dans ce voyage multidimensionnel, la puissance poétique de la forme géométrique se révèle : d’abord envisagée comme élément structurel, elle surgit présentement dans l’espace sous les traits d’un iceberg vert de terre qui, dans sa course souveraine, menace de heurter les figures essentielles à l’équilibre de l’œuvre-écosystème toute entière. Choix délibéré de la part de l’artiste, cette tension en suspens orchestrée de façon intuitive, par un ajustement minutieux du poids des couleurs, produit l’effet escompté auprès du public, chez qui la sensation de plaisir se transpose, ne découlant plus du rapport mimétique qu’entretient l’art avec le réel mais bien de l’attente d’un hypothétique dénouement à cette situation critique : cette toile nous concerne car elle nous parle d’elle-même et nous l’expérimentons pleinement pour ce qu’elle est.

Se confrontant à l’horizontal par l’évocation d’un «ailleurs » autrefois rêvé, vaste panorama de berges idéalisées, la créatrice réactualise la notion esthétique du Sublime au sein de son travail, nous incitant à nous pencher au-dessus de nos abîmes de perplexité face à l’urgence écologique, sans nous laisser sombrer... Chloé Macary

Follow the Line, Virginie Prokopowicz//Benjamin Bardinet/ 27/11/2019

L’artiste Virginie Prokopowicz aime les matériaux bruts, une certaine simplicité et une évidente efficacité plastique. Invitée par l’Espace Vallès, elle propose une exposition qui réunit plusieurs pièces existantes et une œuvre In Situ qui investit les six mètres de hauteur du mur principal de l’espace. Plaqués sur ce mur, des rails en PVC noirs disposés à intervalles réguliers s’élèvent et se distordent en leur centre. Tirant parti de la configuration singulière du lieu et de sa mezzanine, cette installation s’offre au visiteur sous différents point de vue qui donnent parfois l’impression que ces rails noirs s’émancipent de la surface du mur pour devenir sculpture ou bien, au contraire, l’illusion que le mur tente de suivre leur mouvement et se boursouffle. Géométriques, minimales et ciselées au premier abord, les œuvres de Virginie Prokopowicz sont souvent réalisées à partir de matériaux issus du BTP (béton, Plexiglas, PVC) et se révèlent finalement assez brutes, laissant apparaître, lorsque l’on s’en approche, les traces de leur conception. Rien n’est dissimulé : on devine l’arrachage de scotch, les coups de taloches, le tracé d’un feutre sur du Plexiglas…

Mémoire brute, Virginie Prokopowicz//D.M du Dauphiné libéré/ 14/11/2019

Virginie Prokopowicz puise dans ses origines et son histoire familiale les lignes de force de son travail. La guerre et ses traces, les ruines, l'enfermement : autant d'objets de mémoire dont elle organise la présence dans ses installations et ses tableaux.

Si elle a un temps acquiescé à l'idée communément admise que l'art n'est pas une vie ni un métier, Virginie Prokopowicz s'est finalement laissée aller à son penchant premier : dessiner, peindre, créer. Un passage aux Ateliers des Beaux-Arts de la ville de Paris, et la voilà embarquée dans un voyage artistique qui se poursuit aujourd'hui. Même si elle est « entrée dans le système » à la fin des années 90, son chemin se trace à l'écart des coteries, et s'avère riche en amitiés et complicités pour faire vivre l'art d'aujourd'hui, notamment à Moret-sur-Loing où elle vit. Dans ce village médiéval célébré par le peintre impressionniste Sisley, elle a créé avec d'autres l'association Le Mur : celle-ci organise depuis plusieurs années des expositions d'art contemporain dans cette ville. Elle-même présentait en 2018 au Prieuré de Pont-Loup, Mémoires de guerre, un hommage singulier aux disparus : ceux de la Grande Guerre et ceux qu'emporta en 1910 une terrible crue.

D'une enfance marquée par les tragédies guerrières – ses deux grands-pères ont connu les camps nazis-, l'artiste a retenu l'importance des traces, de ce qui reste dans le paysage, ce dernier valant comme métaphore de l'humain. Pour ériger la présence des absents, elle privilégie les matériaux bruts - le fer, le béton, le bois – qu'elle transfigure notamment dans des installations in situ.

Un singulier travail sur les formes et leur rapport à l'espace, où des lignes notamment viennent traverser le chaos comme pour en nier – ou en souligner ? - la puissance mortifère. Sa démarche exprime avec force le travail de la guerre sur les formes, les corps et la nature. Ce qu'elle creuse, vide, entrave, empêche, emprisonne. Arbres fantômes, trous, tranchées, amas de ruine, traînées et lambeaux, alignements de croix : tout un vocabulaire formel du désastre, dans une ambiance où le gris et le noir l'emportent.

Partant d'une mémoire à la fois familiale et locale, Virginie Prokopowicz entend inclure dans ses évocations les guerres passées et présentes, celle de Syrie notamment si fortement imprimée dans les paysages, les corps et les images. Inspirées par Mondrian (et quelques autres), ses réalisations relèvent à la fois d'un certain minimalisme et d'une force expressive, dans des formats souvent imposants.

Pour sa venue à l'Espace Vallès, qu'elle définit comme un lieu très rythmique, l'artiste prépare une installation au rez-de-chaussée et plus globalement une exposition qu'elle promet très graphique. Les lignes dialogueront avec l'espace et y auront la parole pour dire l'éclat et l'aigu, la tension et la vie. Le sens, peut-être.

Creusés, Virginie Prokopowicz//Andrée Grammatico/ 10/03/2019

Les formes des hasards de la terre creusée.

« Creusés » nous invite à un jeu mémoriel que Virginie Prokopowicz pratique avec la terre, miroir de traces, noble matériau. L'exposition réunit des pièces en céramique, Digging, des reliefs en béton sur tarlatane et des dessins, dont le dénominateur commun est le creusement.

« Je gratte, je creuse, comme si on mourait dans les 5 mns ». Des lignes en creux bordées de lignes de crêtes, Digging dessinent le geste d'antan du prisonnier qui creuse pour s'évader.

D'un geste spontané, pressé et avec frénésie, Virginie Prokopowicz gratte la terre proprement dite, c'est ce grattage qui fait l’œuvre. Elle réactualise et nous restitue dans un instant T, ce geste de survie propre à l'homme quand il est enfermé.

« Ce travail est en lien avec le début de ma réflexion (les lignes acérées, les déchirures, les failles) et avec la guerre (récit de mon grand-père sur les préoccupations des prisonniers dans les camps, l'évasion) ».

Le relief en creux est employé par les Egyptiens de l'Antiquité afin de capter les rayons du soleil, la Vie.

Creuser pour se protéger.

A partir de photos aériennes d'archives, les plaques de béton réinterprètent le creusement des tranchées des couloirs et des trous d'obus. En hommage aux soldats de Verdun, ces plaques sont peut-être aussi l'épisode 2 de « Mémoires de guerre », une exposition présentée par l'artiste au Prieuré de Pont Loup en 2018.

Creuser l'espace,

Deux lignes d'horizon sont signifiées dans les paysages dessinés sur tarlatane de Virginie Prokopowicz.

« Creusés » de la fuite, « Creusés » de la protection, «Creusés » esthétisés.

Virginie Prokopowicz est artiste plasticienne, elle a suivi les cours des Beaux-Arts de la ville de Paris. Présidente de l'association, le Mur, espace de création, elle organise chaque année des expositions d'art contemporain au Prieuré de Pont Loup à Moret-sur-loing.

Mémoires de guerre, Virginie Prokopowicz//Andrée Grammatico/ 2/06/2018

« Mon travail de fond s’articule autour de la mémoire. Mémoire des formes, des espaces, mémoire des corps pris , enfermés, souffrants »

Virginie Prokopowicz résiste à l’oubli, Mémoires de Guerre rassemble des peintures en bêton, des sculptures ainsi que des installations. La guerre laisse des traces, l’artiste établit un dialogue entre des paysages – meurtris, abandonnés, abasourdis, résistants – et les hommes qui ne les habitent pas mais dont la présence résonne dans nos esprits.

Sur des tonalités de gris - noir, Virginie Prokopowicz sculpte ses dessins avec du béton, matériau de constructions, constructions elles-mêmes menacées de destruction par la guerre. Mémoires de guerre se déploie dans le Prieuré de Pont Loup, lieu où de nombreux moines « tombèrent » pendant la guerre de Cent ans.

« Comme si la nature servait à résister » La série Barrières de défense raconte cette résistance où l’homme trouve dans la nature ce qui lui servira de ligne de défense, des bois brûlés, des pierres … Les formes inédites que laissent les ruines sont au cœur de son travail, elle dit : « Les petits bouts qui restent, ces petits riens qui s’inscrivent dans notre mémoire » Il reste quelque chose de l’homme dans ses paysages, un chemin, une barrière… Paysages où l’absence est présence, paysages régénératifs où la nature bousculée est prête à renaître.

L’enfance de Virginie Prokopowicz est jalonnée d’histoire de guerre, ses grands-pères racontent leur enfermement dans les camps. 

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